- RHAPSODIE
- RHAPSODIERHAPSODIEDepuis le XIXe siècle, le terme «rhapsodie» désigne généralement, en musique, une pièce instrumentale d’essence romantique ou pittoresque, de forme libre (proche de l’improvisation) et de caractère contrasté. Issu du grec rhapsodia (chant épique), utilisé pour la première fois par le compositeur tchèque Vaclav Jan Tomaschek (1774-1850), le mot est ensuite repris par Liszt (Rhapsodies hongroises — ou plutôt tziganes), Dvo face="EU Caron" シak (Rhapsodies slaves ), Lalo (Rhapsodie norvégienne ), Guy Ropartz (Rhapsodie bretonne ), Ravel (Rhapsodie espagnole ), Gershwin (Rhapsody in Blue ). Certaines rhapsodies pourraient aussi bien s’appeler fantaisies, du moins dans une des acceptions prises par ce terme à la fin du XIXe siècle et au début du XXe (Rhapsodie sur un thème de Paganini , de Rachmaninov). Au contraire, les deux Rhapsodies op. 79 pour piano, de Brahms, doivent moins cette appellation à leur forme, assez stricte, qu’à leur atmosphère de ballade épique.• rapsodie, 1580; gr. rhapsôdia; cf. rhapsode1 ♦ Antiq. Suite de morceaux épiques récités par les rhapsodes.2 ♦ (1859) Pièce instrumentale de composition très libre et d'inspiration nationale et populaire. « Rhapsodies hongroises », de Liszt.rhapsodie ou rapsodien. f. Composition musicale de forme libre, d'inspiration souvent populaire.⇒RHAPSODIE, subst. fém.I. A. — ANTIQ. GR. Suite de poèmes épiques chantés par les rhapsodes. Il y a eu la narration épique primitive, la rhapsodie homérique, ce qu'au moyen âge on appelait la chanson de geste, une branche de récit qui se racontait en public, souvent avec accompagnement de musique (SAINTE-BEUVE, Virgile, 1857, p. 83).B. — Péj., vieilli. Ouvrage en vers ou en prose fait de morceaux divers, mal liés entre eux. Prenant alors un ouvrage qui traitait de nos dernières campagnes, il l'a parcouru quelque temps, puis l'a jeté, disant: « C'est une véritable rapsodie, un tissu de contresens et d'absurdités » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 9).II. — MUS. Œuvre instrumentale ou orchestrale de forme libre, composée de thèmes juxtaposés, d'inspiration populaire ou régionale. Rhapsodies hongroises de Liszt. Ce fut une musique indigène, celle de Wéber et de Spohr, dont on avait entendu dès l'enfance les rhapsodies errantes le soir à la porte des villes, une mélodie faite à demi de chants populaires, de soupirs dérobés aux murs fendus et aux lichens des vieux châteaux du Rhin (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 39).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694-1762: rapsodie; 1798-1878: rapsodie, rh-; 1935: rh-. Rapsodie chez SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 444; LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 338; FRANCE, Orme, 1897, p. 113. Étymol. et Hist. 1. a) 1580 antiq. gr. rapsodie (L. TRIPPAULT, Celt-Hellénisme, p. 262 ds Mél. Baldinger t. 2, p. 607); b) 1587 péj. (P. CRESPET, Discours de l'ame. — 1604, I,
5 v ° ds R. Philol. fr. t. 45, p. 147); 2. 1836 mus. (QUINET, loc. cit.); cf. Mus. qui précise: ,,C'est le Tchèque V. J. Tamasek qui fut le premier à publier quelque 50 ans avant F. Liszt 6 fantaisies pour piano sous le titre de Rhapsodies``. Empr. au gr.
« récitation d'un poème épique » et « récit usé », dér. de
, v. rhapsode; cf. la forme rapsoderie, de même sens 1614 (Pièce ds Variétés hist. et littér., t. 9, p. 140). Fréq. abs. littér.:52.
DÉR. 1. Rhapsoder, verbe trans., péj. Compiler et citer en désordre, mal arranger; parler, écrire à tort et à travers. Je suis bien peu en poésie pour le moment; j'étouffe et suis en vraie langueur physique. Je rhapsode et recouds à travers cela de vieux articles pour une publication de portraits (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 6, 1845, p. 210). — []. Parfois rapsoder, v. rhapsode, rhapsodie. — 1res attest. 1666 rapsodier « mal arranger » (FURET., Rom. bourg., II, 107 ds DG), 1671 rhapsoder (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 21 juin, éd. R. Duchêne, t. 1, p. 275); de r(h)apsodie, dés. -er. Cf. rapsodier « réciter comme un rapsode, répéter » 1579 (PARÉ, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, livre XIX, chap. 32, t. 3, p. 66), v. aussi HUG. 2. Rhapsodique, adj. a) [Corresp. à supra I B] Qui est décousu, désordonné. Une procession magnifique et bigarrée de pensées désordonnées et rapsodiques (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 373); b) [Corresp. à supra II] Qui tient de la rhapsodie musicale. Vingt mesures seulement précèdent le lever du rideau [Pelléas, acte I]. Il faut tout de même y voir un prélude symphonique (...) une ouverture rhapsodique, qui évoque (...) les motifs principaux de l'ouvrage (EMMANUEL, Pelléas, 1929, p. 144). — [
]. Rapsodique chez BAUDEL., loc. cit. V. rhapsode, rhapsodie. — 1res attest. a) 1842 (Ac. Compl.: Rhapsodique. Qui est formé de lambeaux), b) 1875 (Lar. 19e: Rapsodique ou rhapsodique. Qui a le caractère d'une rapsodie); de rhapsodie, suff. -ique. Cf. le gr.
« qui concerne les rhapsodes ». Au sens a l'angl. rhapsodical est att. dep. 1659 ds NED.
ÉTYM. 1582; grec rhapsôdia.❖1 Antiq. grecque. Suite de morceaux épiques récités par les rhapsodes.2 (Fin XVIe). Fig. et vx. Œuvre faite de pièces et de morceaux, ramas de vers ou de prose. || Cette méchante rapsodie de l'École des femmes (→ Gaillard, cit. 2, Molière). || Leurs misérables rapsodies (→ aussi Grimaud, cit. 3).0 Mais les lettres de celui-ci attestent, au contraire, la grande patience et la générosité d'esprit du futur auteur de Salammbô relisant, épluchant, corrigeant les rapsodes de sa verbeuse et poétique amie (…)Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 355.3 (1859; mot choisi par Liszt pour « désigner l'élément fantastiquement épique…, l'expression de certains états d'âme dans lesquels se résume l'idéal d'une nation » [Des Bohémiens et de leur musique en Hongrie, in Dict. des Œuvres]). Mus. Pièce instrumentale de composition très libre et d'inspiration nationale et populaire. || Rhapsodies hongroises, de Liszt. || Rapsodie norvégienne, de Lalo.
Encyclopédie Universelle. 2012.